Alors que des informations quelque peu alarmistes circulent sur le financement du DPC et sa pérennité, Monique Weber, directeur général de l'OGDPC, organisme gestionnaire du Développement Professionnel Continu, répond aux questions d'Infirmiers.com
Infirmiers.com - Deux récents communiqués - le vôtre1 et celui du Bureau du Conseil de Surveillance -de l'OGDPC2 - nous ont alertés sur la situation financière de l'OGDPC et sa capacité à ne pas pouvoir poursuivre de façon sécure sa mission auprès de l'ensemble des professionnels de santé. Une question nous préoccupe donc : qu'en est-il pour la profession infirmière - et notamment d'exercice libéral ?
Monique Weber - Pour rappel, l’OGDPC gère le DPC des salariés exerçant en centres de santé conventionnés et des professionnels de santé libéraux (9 professions libérales éligibles à la prise en charge l’OGDPC : chirurgiens-dentistes, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, médecins, orthophonistes, orthoptistes, pédicures-podologues, pharmaciens et sages-femmes). Les infirmiers, en 2014 comme en 2013, sont les bons élèves du DPC. La situation actuelle concerne le DPC des libéraux et des salariés exerçant en centres de santé conventionnés dans son ensemble. Les estimations budgétaires réalisées par l’OGDPC mettent en avant le fait qu’il faut prendre des mesures pour 2014 afin de terminer sereinement cette année, mais également pour les années à venir de façon à assurer la soutenabilité financière du DPC. Quoi qu'il en soit, actuellement, il n’y a pas d’inquiétude à avoir pour tous les programmes engagés où à venir pour lesquels il y a des inscriptions.
Le rapport de l’IGAS sur le DPC , missionné par Marisol Touraine en juillet 2013, apportera lui aussi des solutions d’amélioration pour 2015
Infirmiers.com - Qu’en est-il du remboursement des formations DPC sur l'année 2013 qui sont toujours en souffrance pour certains infirmiers libéraux ? Ils s'en sont notamment ouverts lors de la conférence DPC dans le cadre des Journées nationales des infirmiers libéraux les 3 et 4 avril derniers...
Monique Weber - L’année 2013, première année de mise en place du dispositif, a été marquée par une très forte montée en charge, notamment fin 2013. L’OGDPC étant composé d’une petite équipe, et un retard a été pris sur les indemnisations des professionnels de santé. L’OGDPC met aujourd'hui tout en œuvre pour rattraper ce retard et tous les professionnels de santé seront indemnisés si les conditions pour ce faire sont remplies (dossier ODPC complet, coordonnées bancaires du praticien bien complétées sur www.mondpc.fr...). Les montants engagés en 2013 ont été provisionnés, les indemnisations seront donc bien assurées. Il en va de même pour les programmes de DPC suivis en 2014, les montants sont également provisionnés et les professionnels de santé seront bien indemnisés.
Devant le succès rencontré par le DPC, l’OGDPC a réalisé différentes simulations budgétaires pour estimer la fin de l’année 2014. Le budget DPC 2014 doit répondre à l’augmentation des inscriptions
Infirmiers.com - Le budget prévisionnel de l'OGDPC permet-il d'envisager sereinement l'année 2014 et la suite alors même que la montée en charge du DPC est observable - et requise - de toutes parts ?
Monique Weber - Soulignons d'emblée que la problématique de base est positive puisque le DPC est victime de son succès. Si en 2013 certaines professions étaient encore « à la traîne », elles sont aujourd’hui toutes pleinement entrées dans le dispositif et se le sont appropriés. Fin 2013, le budget DPC global a été revu à la hausse pour l’année 2014, prenant en compte une augmentation des inscriptions de 40%. Au vu du rythme actuel des inscriptions, cette augmentation risque cependant de dépasser les attentes formulées d’ici la fin de cette année. C’est pourquoi l’OGDPC a estimé nécessaire d’en alerter son conseil de gestion. Ce dernier, où siègent les directions de l’UNCAM (Union Nationale des Caisses d'Assurance Maladie), du ministère des Affaires Sociales et de la Santé et les représentants des professionnels de santé libéraux, prendra prochainement, lors d’une assemblée exceptionnelle, des mesures qui permettront aux professionnels de santé de continuer à se former et de remplir leur obligation de DPC. Quant au rapport de l’IGAS
(Inspection Générale des Affaires Sociales) sur le DPC (3), missionné par Marisol Touraine en 2013, il apportera lui aussi des solutions d’amélioration pour 2015. Il est en effet indispensable d’assurer la soutenabilité financière du dispositif en 2014 mais aussi dans les années à venir.
DPC 2014 : des premiers chiffres éloquents et des infirmiers "observants"
Début avril 2014, l'OGDPC recensait près de 7 400 sessions créées comptabilisant au total près de 65 000 inscriptions, soit plus de 52 000 professionnels de santé différents, dont :
- plus de 4 600 chirurgiens-dentistes ;
- plus de 12 600 infirmiers ;
- plus de 5 000 masseurs-kinésithérapeutes ;
- plus de 18 000 médecins ;
- près de 2 000 orthophonistes ;
- près de 700 orthoptistes ;
- plus de 800 pédicures-podologues ;
- plus de 7 000 pharmaciens ;
- plus de 800 sages-femmes.
Notes
- "DPC 2014 : une croissance continue", communiqué de l'OGDPC du 18 avril 2014
- "Le DPC - Développement Professionnel Continu - est exsangue !", communiqué du Bureau du Conseil de Surveillance de l'OGDPC par la voie du Dr Gérald Galliot, Président du Conseil de Surveillance du DPC.
- Par communiqué en date du 28 avril 2014, la Féderation nationale des infirmiers (FNI) dit ceci à propos de ce rapport IGAS : "Faute d'avoir été entendue lors de la préparation de cette réforme, et parce que les organisations syndicales sont impliquées dans la gestion du dispositif, la Fédération Nationale des Infirmiers demande instamment à la ministre des Affaires Sociales et de la Santé de rendre public sans délai la totalité du rapport IGAS DPC, y compris les éléments
de la phase contradictoire de ce rapport." Le rapport a finalement été publié le 30 avril 2014 et vous pouvez accéder à son contenu sur ce lien.
Propos recueillis par Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com
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