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De l'intérêt de la simulation médicale...

Publié le 06/12/2011

Depuis deux ans, les internes en anesthésie-réanimation des Hospices civils de Lyon (Rhône), sont formés aux situations exceptionnelles et/ou graves rencontrées au bloc opératoire grâce à des mannequins programmés pour simuler des pathologies bien particulières. Ils peuvent ainsi tester, sans « le stress de la première fois », la mise en pratique de leurs connaissances théoriques dans des conditions quasi identiques à la réalité...

L’origine de la simulation est ancestrale puisqu’au sixième siècle déjà, les jeux d’échecs furent le premier modèle de simulateur « tacticiel ». Il y a soixante quinze ans, toujours pour des raisons de stratégie guerrière, naissaient les premiers simulateurs aéronautiques. Pour des raisons non plus guerrières, mais des impératifs de sécurité, les simulateurs de vol sont devenus depuis une obligation réglementaire incontournable pour les compagnies et un indispensable outil de formation et de sélection des personnels navigants. Simuler des événements les plus improbables (donc nécessairement quasiment jamais rencontrés) pour tester et obtenir les réponses individuelles et d’équipes les plus adaptées est en effet la seule façon d’obtenir le meilleur niveau de performance, et donc de sécurité pour les passagers.

Les premiers simulateurs médicaux ont été utilisés dès les années soixante pour les formations à la réanimation cardio-pulmonaire et en anesthésiologie.

Ces quinze dernières années, les outils de simulation se sont multipliés et perfectionnés jusqu’à imposer un concept pédagogique (l’enseignement facilitateur) et leur propre modèle de curriculum de formation (le cercle d’apprentissage). Il s'agit de « reproduire expérimentalement des conditions réelles » pour permettre un entraînement sans risque. Au cours de la formation initiale, la simulation permet en effet aux étudiants d'appliquer les connaissances théoriques sans risque pour le patient, de faciliter leur réflexion en groupe et d'améliorer la confiance en soi. Elle favorise l'apprentissage dit « actif ». Concernant la formation continue, la simulation peut apporter, outre l'actualisation des connaissances, un nouveau regard sur soi-même sous réserve que le réalisme des séances soit respecté et que celles-ci soient enregistrées pour faciliter l'auto-évaluation.

Les différentes analyses systématiques de la littérature traitant de simulation confirment que la simulation haute fidélité facilite la formation, mais en insistant sur l'importance du débriefing et de la pratique répétée. Un des grands avantages de la simulation est qu'elle est très proche de la réalité de l'exercice professionnel, tout particulièrement si elle est utilisée in situ.
Si la simulation présente de nombreuses qualités pour la formation, elle souffre cependant de quelques inconvénients et limites, qu’ils convient de connaître et d’anticiper, comme la nécessité de personnels compétents et en nombre suffisant, le coût d'acquisition et d'entretien des matériels (mannequins, matériel, audio-vidéo…). Malgré ces difficultés, d'ordre essentiellement économiques, la simulation est une méthode pédagogique de grand intérêt. Elle est très largement acceptée et plébiscitée, à travers le monde, tant par les étudiants, les praticiens, les enseignants, que les dirigeants, les législateurs ou les patients.

Ainsi, il a été déclaré lors de l’introduction à la table ronde sur la simulation durant les dernières rencontres de la Haute Autorité de Santé (HAS) le 3 décembre 2010 que : «  La simulation en médecine de par cet engouement a atteint des niveaux de réalismes spectaculaires. Nous pouvons désormais simuler tout ou partie du comportement du corps humain : sa physiopathologie, sa réactivité à des médicaments ; nous pouvons tester en temps réel des procédures chirurgicales, des instrumentations innovantes ; enfin, nous pouvons privilégier le facteur humain et organiser des mises en situation en faisant appel à d’authentiques malades ou à des patients simulés. Devant tant de possibilités, il reste paradoxalement, presque tout à faire pour en définir l’usage professionnel et pédagogique (objectifs pédagogiques, conduite de la formation), sa gouvernance (centres spécialisés ou systèmes distribués) et plus encore, la place définitive dans les cursus de formation initiale ou continue en incluant les aspects économiques ».

Elle ne demande donc maintenant en France qu’à être développée, avec pour objectifs prioritaires l’amélioration des pratiques professionnelles et la gestion optimale des risques, tout en respectant des règles communes d'organisation et de fonctionnement.
Ces ateliers de simulation à l'initiative du Professeur Bernard Allaouchiche, Chef de service d’Anesthésie et Réanimation à l’hôpital Edouard Herriot (Hospices Civils de Lyon), en partenariat avec Sanofi-Aventis, General Electric et le Groupe Infinite Medical Education, sont donc un atout pédagogique majeur de la formation médicale permettant de renforcer la sécurité des patients.

• Lire aussi : « La simulation en santé », Dr Jean Brami, DPC & Pratiques n° 57 – Septembre 2011

Bernard ALLAOUCHICHE
Chef du service de d'Anesthésie et de Réanimation de l'hôpital Edouard Herriot (Hospices Civils de Lyon)
www.chu-lyon.fr


Source : infirmiers.com