Le mardi 8 novembre 2016, les infirmiers de toute la France seront en grève, voire dans la rue, pour manifester leur mécontentement. Cela fait quelques mois que la colère gronde, et pour cause. Dix-huit organisations infirmières syndicales et associatives s'unissent et expriment d'une même voix, dans un dossier de presse daté du 7 novembre 2016, les raisons de leur colère et leurs revendications.
À la veille d'une mobilisation qu'ils espèrent importante
, qui se tiendra le 8 novembre 2016 partout en France et dans les DOM, les organisations professionnelles syndicales et associatives s'unissent pour dénoncer d'une même voix le mépris et le manque de reconnaissance dont la filière infirmière est victime
. Dans un dossier de revendications, qui sera présenté à Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, dix-huit organisations regroupant les professionnels infirmiers, spécialisés
ou non, les étudiants
et les infirmiers libéraux
font un état des lieux de la situation de la profession infirmière et émettent des propositions pour améliorer leurs conditions d'exercice.
À Paris, le rendez-vous est fixé à 10 heures le 8 novembre 2016 sur le parvis de la gare Montparnasse.
Des conditions de travail difficiles, quel que soit le mode d'exercice
Les organisations infirmières déplorent la logique du chiffre imposée dans tous les secteurs qui engendre, de fait, des conditions de travail délétères
. Trop souvent, cette logique du chiffre occulte la dimension relationnelle du soin, les missions d'éducation et de prévention
. Ainsi, dans les établissements, pour répondre aux contraintes budgétaires, l'exercice en sous effectifs, le non-respect des rythmes de travail et de temps de repos deviennent la règle, soulignent les organisations
. L'amélioration des conditions d'exercice nécessite ainsi de prendre en compte la charge de travail rélle et d'attribuer les effectifs nécessaires. Il convient de s'attacher à définir les besoins humains non pas uniquement par une approche numérique mais bien sous l'angle des compétences nécessaires pour garantir la pertinence et l'efficience des soins
, précisent les dix-sept organisations.
De leur côté, les infirmiers puériculteurs souhaitent que la législation soit respectée afin qu'ils soient intégrés au sein des secteurs de soins accueillant des enfants et des adolescents car il s'agit d'un mode d'exercice spécifique auquel la formation initiale infirmière ne forme pas.
Les infirmiers libéraux
dénoncent quant à eux les encouragements des députés vis-à-vis du développement de l'Hospitalisation à Domicile (HAD)
qui risque de se substituer aux prises en charges libérales traditionnelles alors qu'aucune étude n'a été menée sur le sujet. Comme le précisent les organisations, les études médico-économiques démontrent que l'HAD est moins coûteuse que l'hospitalisation complète
, mais qu'en est-il de la prise en charge en libéral ?
Les organisations infirmières pointent également du doigt :
- la non-reconnaissance de la pénibilité, magré une obligation de continuité des soins et des contraintes qui s'amplifient ;
- un dialogue inexistant sur les sujets de santé publique ;
- le projet de transposition de directives européennes autorisant un exercice partiel des profession s ;
- l'augmentation des violences, verbales comme physiques.
Garantir une formation de qualité et valoriser les niveaux d'études
Les professionnels en exercice ne seront pas les seuls à porter leurs revendications dans la rue. Les étudiants en soins infirmiers
seront également présents pour faire part des difficultés qu'ils rencontrent au quotidien tout au long de leurs études. Nombre d'étudiants terminent leur formation avec pessimisme, conscients des difficultés qui seront les leurs à mettre en pratique des soins de qualité et à utiliser pleinement leurs compétences au service de la santé de la population. De plus, ils souffrent tout autant que les professionnels d'une absence de reconnaissance de leur travail au quotidien, à bien des égards
, constatent les organisations.
Les infirmiers sont aussi en attente d'une valorisation de leurs niveaux d'études, de leurs compétences et de leurs responsabilités. Les travaux de réingénierie de plusieurs formation (infirmier de bloc opératoire
, infirmier puériculteur
, cadre de santé
) sont actuellement au point mort, et certains secteurs d'exercice mettant en jeu des compétences beaucoup plus abouties que celles développés en formation initiale doivent être reconnues en spécialités
, comme la santé mentale
, la santé au travail
et l'éducation en santé dans l'Éducation Nationale ou l'Enseignement supérieur
, estiment les organisations.
Par ailleurs, l'investissement professionnel et souvent personnel n'est reconnu ni financièrement, ni institutionnellement, ce qui génère découragement et perte de compétences
. Pour conclure, les organisations estiment que la reconaissance de l'expertise infirmière mais aussi de la recherche infirmière sont de réelles plus-values pour notre système de santé, mais il est impératif que cela s'inscrive dans un cadrage de formation national connu et reconnu afin qu'elles puissent être mobilisées et attractives
.
Les infirmiers, toutes spécialités confondues, et les étudiants devraient être nombreux à se mobiliser ce mardi 8 novembre 2016 pour porter haut et fort leurs demandes. Gageons qu'ils sauront se faire remarquer et qu'ils ne seront pas assimilés au mouvement des centrales syndicales - FO, CGT et Sud - qui émettent d'autres revendications.
Des revendications communes
Au travers de leur mouvement, les infirmiers et étudiants souhaitent que :
- leur exercice soit sécurisé, quel que soit le secteur d'activité ;
- les conditions d'exercice soient améliorées pour garantir la sécurité et la qualité des soins ;
- leur rôle et compétences soient reconnus ;
- les étudiants puissent bénéficier d'une formation de qualité ;
- les infirmiers libéraux puissent exercer pleinement leurs compétences ;
- la profession soit reconnue financièrement.
Aurélie TRENTESSE Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com @ATrentesse
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