Florence, à six mois de la fin de ses études en soins infirmiers, a adressé à la rédaction un témoignage où elle explique pourquoi elle aime (ou pas) sa future profession...
Tu sais quoi ?
Je l'aime pas mon travail, quand je dois me battre pendant dix jours pour obtenir un coussin gonflable pour les fesses de Mme X, qui a une escarre et des douleurs depuis plusieurs jours sans que l'on ne fasse autre chose que le dire.
Je l'aime pas mon travail, quand on doit changer les draps d'une dame grabataire en fin de vie, en craignant que sa jambe ne se détache de son corps à chacun de nos gestes.
Je l'aime pas mon travail, quand c'est la course chaque jour, pour faire des toilettes, distribuer et faire prendre les petits déjeuners, et qu'on n'est jamais assez pour travailler convenablement. Tu t'imagines toi, te laver et t'habiller en quinze minutes ? Avec un corps de vieillard ?
Je l'aime pas mon travail, quand je réponds "désolée, j'ai pas le temps de discuter aujourd'hui". Ni demain, ni après-demain, et probablement pas dans un mois non plus.
J'en sors vidée, épuisée, mal au dos, et mal au cœur aussi.
Mais tu sais quoi ?
Je l'aime mon job, quand je sors une dame qui n'a pas dû voir le soleil et respirer l'air frais depuis bien longtemps. Mais aussi quand elle sourit, parle, et tient une conversation censée, ce qui n'est pas le cas entre quatre murs. Là, j'ai limite envie de pleurer, tellement je me sens utile. Et son sourire, quand je lui cueille une fleur ? Tu l'as pas vu, son sourire, toi.
Je l'aime aussi mon job, quand M. D. nous accompagne prendre l'air, et pousse le fauteuil de la dame, comme si, lui aussi il avait envie de se sentir utile. L'espace de quelques minutes, il aura fait autre chose que déambuler dans les couloirs sans but.
Et je l'aime aussi mon job, quand je manucure les ongles d'une dame, et qu'elle veut me donner des billets en Francs pour me remercier. Parce qu'elle est contente qu'aujourd'hui, on ait eu le temps de s'occuper d'elle autrement qu'en lui torchant les fesses et en la nourrissant.
Tu vois, des fois, j'ai envie de tout plaquer. Mais sans aucune prétention, des fois, je donne un peu de bonheur et de bien être. Et j'en reçois encore plus.
Alors non, je n'aime pas mon travail dans ces conditions, mais j'aime les gens pour lesquels je le fais.Tu vois, ce soir, j'en ramène 120 à la maison, même après avoir fermé mon casier.
Florence Étudiante en Soins Infirmiers – 3ème année
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