Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

ESI

« J’ai 52 ans et je n’ai pas mon Diplôme d'État »

Publié le 03/03/2015
la violence durant la formation une réalité

la violence durant la formation une réalité

Sur le forum d'Infirmiers.com, Chris54, 52 ans, a souhaité réagir au billet « Violence ordinaire » publié par Anne et partager avec la communauté les maltraitances subies lors de sa formation d'infirmière.

La violence durant la formation, une réalité, même lorsqu'on a 52 ans.

J’ai été très émue par le témoignage d’Anne sur son blog, particulièrement troublée par les similitudes entre son histoire et la mienne, à quelques détails près. J’ai 52 ans et je n’ai pas obtenu mon diplôme…

En 2011, je suis licenciée d’un grand laboratoire français, injustement. Dans le cadre d’une restructuration, j’étais prioritaire sur toutes les personnes de mon équipe de par ma situation familiale ; j’ai 2 enfants. Mais en raison de mes bons résultats, une collègue a postulé sur mon secteur et a obtenu mon poste grâce à son statut de déléguée du personnel. Une grosse épreuve que j’ai surmonté grâce à mes amies.

Jeunette, mon rêve était de devenir infirmière, mais le destin en a décidé autrement : ma mère est décédée au CHU suite à une négligence du personnel. Il m’a été très difficile de franchir les portes d’un hôpital pendant de nombreuses années.

33 ans ont passé, et, un matin, il m’apparaît comme une évidence que ce licenciement est un signe et que je dois enfin réaliser mon rêve. Je passe le concours d’entrée en Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI), et suis reçue avec 18 à l’oral.

Je m'imagine avoir des difficultés pour valider mes partiels et m’intégrer à ma promo de p’tits jeunes, et je suis persuadée que les stages seront pour moi sans problèmes, grâce à mon expérience professionnelle et mes qualités relationnelles. C’est tout le contraire. Avec une dizaine d’élèves de tout âge, nous formons un super groupe de copines avec lequel je passe des moments formidables et trois années inoubliables de complicité. Je valide tous mes partiels avec 14,63 de moyenne. Par contre lors de certains stages, j’ai droit à quelques réflexions. Quoi ? À 50 ans tu ne sais pas faire ça ?. Je trouve débile à son âge de refaire des études. T’es plus déléguée médicale alors vide les poubelles. Je perçois un degré d’exigence de la part de mes tutrices bien supérieur à celui de mes collègues. Je valide six stages sur sept avec de bons rapports. J’interromps mon stage S5 au bout de cinq semaines pour raisons de santé (interruption liée en partie à la maltraitance de deux infirmières)…

Je m'imagine avoir des difficultés pour valider mes partiels et m’intégrer à ma promo de p’tits jeunes, et je suis persuadée que les stages seront pour moi sans problèmes, grâce à mon expérience professionnelle et mes qualités relationnelles. C'est tout le contraire.

En septembre 2014, je fais un stage de rattrapage. En quelques jours, l’équipe menée par une infirmière m’a prise en grippe. Humiliation, agressions verbales, comme elle le dit la confiance est piétinée, humiliée. Au bout de trois semaines, l’angoisse remplace l’anxiété. Je ne dors plus, je suis démolie… mais je dois aller jusqu'au bout, ma vie en dépend… Un lundi matin, lors de ma prise de poste à 6 heures, je constate que la poche de G5 de la patiente qui m'a été confiée est vide alors qu'il reste 6 heures de perfusion, que le dialaflow est sur la position maximum, la bouteille d'eau indispensable au bilan entrée/sortie n'est plus là, une feuille avait été ajoutée dans le dossier infirmier étiquetée au nom d'un autre patient... J’ai peur de ce que je crois comprendre. J’ai peur pour ma patiente, peur de celle que je suis devenue…..

Je demande à mon école un autre stage qui m’est refusé car quelques jours auparavant la directrice a reçu un rapport de la cadre du service, faux en grande partie et très exagéré, sans m’en avoir informée. Je suis condamnée à arrêter ma formation.

Je n’arrive pas à comprendre... Pourquoi ai-je inspiré tant de haine ? Pourquoi ce désir de détruire ?

J’ai 52 ans, je n’ai pas mon Diplôme d'État, je ne trouve pas de travail, mais je suis vivante. Mes amies m’ont sauvée. Je vais m’en sortir pour mes fils…pour mes amies.

Comme toi, Anne, je n’oublierai pas et parce qu’il ne faut pas garder le silence…

Chris54


Source : infirmiers.com