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FORMATION EN IFSI

Étudiants en Ifsi – Infirmiers en devenir, ils regardent la profession

Publié le 05/09/2011
letre a un ami etudiant ifsi infirmier devenir

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Des étudiants en soins infirmiers de troisième année portent un regard sur le monde professionnel qu’ils vont intégrer dans quelques mois. Tout se déroule lors d’une activité pédagogique autour de la rédaction d’une « Lettre à un ami ». Les étudiants nous livrent leur vision de la profession, posant leur regard sur les professionnels qu’ils souhaitent devenir.

Qu’ils s’appellent Marie, Mathieu, Aude, Nathalie, Benjamin, Sophie ou encore Laura, ils ont tous une envie commune, obtenir leur diplôme d’État pour devenir infirmier(-ère). Mais avant tout, ils souhaitent trouver une place dans une équipe et, au fil du temps, garder leur sens créatif et novateur en lien avec les valeurs professionnelles et personnelles qui sont les leurs.

« Donner une visibilité plus juste, plus subtile et plus sensible, révélant, au cœur même de leur pratique du quotidien, leur quête de sens du soin ». Voilà un extrait d’un livre de Walter Hesbeen1 qui a pris tout son sens chez ces étudiants en soins infirmiers de troisième année, à deux mois d’entrée dans le monde professionnel.

C’est ainsi que 42 étudiants, ont dû, un matin, se livrer à un atelier d’écriture autour d’une « Lettre à un ami ». Je vous propose donc de les suivre au fil de ma plume qui fera office de synthèse de leurs réflexions et de mettre du « liant » entre les ingrédients des messages forts qu’ils vont partager avec vous autour de quatre grands thèmes :

  • partager le même soleil : de l’accueil à l’intégration dans une équipe ;
  • s’éveiller sous le même arc-en-ciel : des valeurs professionnelles à la conception du soin ;
  • espérer la même lumière : et demain entre craintes et espoirs ;
  • redessiner d’autres frontières : « Écrire c’est une façon de parler sans être interrompu »

Partager le même soleil

Pour entrer dans une équipe soignante, il y a comme une « procédure tacite » qu’il faut décrypter pour pouvoir être ensuite intégré. Sinon, il y a une sorte d’infraction qui s’opère. C’est un peu comme entrer dans une maison. Il faut sonner à la porte, attendre que quelqu’un nous ouvre et nous invite à franchir le seuil d’entrée. Pour les étudiants, il se passe la même chose au fil des stages. Ils doivent ainsi suivre un protocole pour être intégré et faire partie d’un collectif professionnel. Cela va demander un décryptage des codes de la porte d’entrée pour s’approprier la formule magique.

Mais avant de partager quelque chose avec une personne, une équipe, il y a des préliminaires à envisager.

L’accueil

Toutes les lettres parlent de l’importance de l’accueil en stage. Selon les étudiants, il conditionne le déroulement du stage et reflète l’intérêt que l’équipe porte à l’étudiant. Chacun relate au moins un type d’accueil. Des accueils différents, bien sûr, avec plus ou moins de chance selon l’équipe présente le premier matin. Néanmoins, tous s’accordent à dire que ce premier pas dans une équipe va orienter le déroulement du stage.

« 1er stage, 1er jour, 1er pas à l’hôpital. J’arrive terrorisée. Mon accueil est déplorable, on me dit de m’asseoir dans un coin et je dois attendre, c’est les transmissions… A ce moment là, je ne sais même pas ce que ce mot veut dire…».

Ou encore, une autre vision : « Le 1er matin de stage, si l’on me dis bonjour avec le sourire, je sais que tout va bien se passer.»

Il n’est plus à démontrer qu’un accueil de qualité permet de se sentir en sécurité, de gagner en confiance et va influencer l’apprentissage des étudiants. Mais, passé ce premier temps de prise de contact, trouver une place dans une équipe semble pour eux capitale.

L’intégration dans une équipe

Tout collectif de travail se reconnaît par des codes qui leur sont propres. Ainsi certains métiers, comme ceux de la santé, sont caractérisés par un langage, des attitudes qui les distinguent des autres. Chacun va se reconnaître en train de travailler. C’est une sorte de convention pour agir.

Selon le psychologue du travail Yves Clos, « Le genre est en quelque sorte la partie sous-tendue de l’activité, ce que les travailleurs d’un milieu donner connaissent et voient, attendent et reconnaissent, apprécient ou redoutent. Ce qui est commun et qui les réunit sous des conditions réelles de vie… C’est comme un « mot de passe ».

Dans les écrits, les étudiants notent :

« La notion d’équipe est essentielle dans ce métier, c’est elle qui régit toute l’activité » ou encore « L’équipe pour moi, c’est le noyau. On est le carburant de la machine… il faut absolument une cohésion d’équipe ».

Le travail en équipe est une donnée centrale de l’exercice infirmier. Mais entrer dans ce collectif soignant est difficile.

« Personne ne connaît mon prénom, cela fait trois semaines que je suis en stage et l’on m’a dit que je devais travailler toute seule. Je sens que je suis un « boulet » ou plutôt « un frein à main ». Mais aussi : « Je me sens comme une balle de ping-pong, on m’envoie, on me renvoie vers d’autres personnes… Pourtant j’ai tout à apprendre…»

Changement de posture

Et puis, un jour il y a « dans une équipe quelqu’un d’exceptionnel, plein de chaleur humaine et de bienveillance qui te fais confiance, qui te rend responsable et te considère comme une collègue » et c’est un grand bouleversement, le début d’une ère nouvelle. L’étudiant va devenir plus responsable dans son travail. Il va oser prendre une place, sa place. Il va alors organiser son travail en fonction du collectif soignant. Il va ainsi, « rendre des comptes » sur son activité lors des transmissions par exemple, au même titre que les autres soignants. Il fait partie tout doucement de la vie du service.

« Quel bonheur enfin de participer activement aux transmissions. Un nouveau cap est passé, je me sens faire partie d’une équipe », et « ce n’est pas un métier facile, car on est sans cesse au contact d’êtres humains et il faut composer avec tout le monde ».

« Selon les étudiants, être en accord avec ses valeurs demande une remise en cause et un retour sur sa pratique. »

S’éveiller sous le même arc-en-ciel

Puis arrive un jour où les étudiants se sentent prêts. Une équipe leur a « donné » une place, un groupe de malade. Les soignants leurs font confiance. Ils gèrent alors une partie de l’activité du service. Ils se sentent utiles et reconnus, valorisés dans les activités de soin qu’ils effectuent.

« Enfin, stage d’été de troisième année, depuis le temps que j’attendais. Je me sens vraiment IDE. J’ai le sentiment d’être utile. Les soignants m’appellent par mon prénom (c’est bien la première fois), je fais des actes infirmiers et ils me demandent mon avis. Je fais enfin partie d’une équipe. »

Mais avant d’arriver à avoir sa place, plusieurs étapes sont à franchir.

Des représentations du métier, aux désillusions avant un rayon de soleil

Les étudiants portent un regard sur les professionnels qui les entourent : « Au départ, je pensais que les infirmières étaient toutes des personnes très attentionnées, tournées vers les autres… C’est bien pour cela que j’ai choisi ce métier, non ? Et en fait, certaines paraissent aigries et ne prennent même plus le temps de sourire, de parler au patient. » ; « J’ai compris qu’un geste, un sourire que chacun peut donner, donnera un sens à ma profession » ;« J’ai rencontré mon idéal soignant. J’étais impressionnée par sa douceur, son empathie, son professionnalisme. Tout cela malgré les contraintes et le rythme de travail. Elle n’était pas parfaite, mais humaine. »

Le monde soignant n’est-il pas composé d’un peu de tout cela ? La richesse va reposer sur les capacités de distance que les étudiants seront en mesure de prendre. Chaque expérience, chaque vécu, chaque situation va permettre à l’apprenant de se construire professionnellement et surtout donner un sens à ses actions.

« Les différents stages, la formation en général m’a permis d’évoluer. Les stages m’ont permis de me construire, de savoir qui j’étais réellement au plus profond de moi, mais surtout quel professionnel je voulais devenir »

Les valeurs professionnelles

Elles représentent le pilier de tous les écrits. Elles sont la base, les fondations de la « maison soignante ».

« Rester fidèle à mes valeurs. Même si c’est un travail difficile. Je m’engage à travailler avec des êtres humains, des corps et des esprits qui attendent je pense, de l’authenticité et de l’honnêteté pour avancer et construire un projet de soin ensemble. »

Les valeurs constituent les gardes fous, mais aussi les grilles de lecture pour mener une démarche réflexive sur l’activité réalisée. « Il est important pour moi d’être en accord avec mes valeurs et mes croyances au quotidien dans mon activité de soignante.

Mais, selon les étudiants, être en accord avec ses valeurs demande une remise en cause et un retour sur sa pratique. Cela n’est jamais gagné et suppose des efforts et un positionnement. « Durant les stages, j’ai appris à défendre mes valeurs, tels que le respect, la ponctualité, l’écoute. Il faut parfois prendre sur soi et verbaliser le fond de sa pensée pour être entendu. »

Je vous propose une représentation graphique des valeurs exprimées et ceci sous forme d’une maison. Les termes retenus ont tous été cités plus de 22 fois par les étudiants.

 


Les murs fondateurs reposent selon les étudiants autour de quatre mots clés : l’authenticité, l’honnêteté, la responsabilité et la créativité. Deux portes vont ouvrir l’accès à la maison : la relation à l’autre et l’autonomie de travail. Puis les fenêtres seront des ouvertures vers l’extérieur permettant une circulation avec les autres éléments pour conduire tout doucement vers le sommet qui représente l’humanisation des soins.

« Le travail infirmier requiert une multitude de valeurs pour le réaliser dignement. Il faut pour ma part, être responsable de ses actes, être disponible, avoir de l’attention et être à l’écoute des patients, des familles ou des collègues. Être dans une relation vraie, tout en apportant une touche d’humour et d’organisation. »

Ou encore « ce qui est important c’est avant tout de respecter l’autre dans ses différences, savoir rester humble, surtout disponible et ne jamais oublier pourquoi on est là : le bien être du patient ».

Dans la structuration des lettres, après avoir énoncé leurs valeurs professionnelles, dans l’idée qui suit, les étudiants énoncent leur vision du soin. Il est d’ailleurs très intéressant de noter que ces deux notions pour les étudiants sont proches, voir parfois indissociables. Comme si elles étaient imbriquées l’une dans l’autre.

La conception du soin

Dans l’expression des mots choisis, deux éléments importants ressortent. Tout d’abord, que les notions de soin/patient/soignant sont intimement liées. Le soin étant pour les étudiants, le support à la relation.

« Le soin, c’est toi, l’infirmière qui l’amène, donc tout dépend de ta façon d’approcher le patient. »

D’autre part, le mot soin est pris dans son sens lexical large : « Le soin n’est pas seulement technique. Le soin c’est bien plus large que cela. Il s’agit surtout d’écouter. C’est là, toute la différence entre le patient objet de soin et le patient sujet de soin. »

Dans un second temps, chacun exprime l’évolution de sa représentation du soin et sa vision actuelle : « Ma première vision du soin était très idéaliste : protéger, soigner, avoir le souci de l’autre... Aujourd’hui je dirais que c’est davantage l’envie d’aider, de soigner, d’être une oreille attentive mais aussi de savoir apprivoiser les difficultés physiques et psychiques de la personne soignée. »

Le caractère personnel et unique du soin prend toute sa dimension et il est souvent mis en avant dans les écrits : « Le soin doit rester unique et personnel, il faut s’adapter à chaque patient, à ses particularités » ou encore « Pour moi, l’individualisation du soin est un concept important dans ma pratique. »

La moitié des étudiants (soit 21 sur 42) met en lien le soignant qu’il sera et le soin qu’il devra dispenser. Ils attachent une importance à la phrase du poète romain Juvénal « mens sans in corpore sano, un esprit sain dans un corps sain » qu’ils expriment de la manière suivante : « Prendre soin de soi permet de mieux prendre soin des autres. »

Sur un autre plan, les étudiants se projettent demain professionnel avec une autre posture et surtout le statut d’infirmier : « J’ai hâte d’être enfin moi et m’affirmer dans la réalisation de ma conception du soin. »

Un tiers des étudiants remercie les patients pour les avoir aidé à construire leur vision du soin : « Grâce à vous, je ne vois plus uniquement le soin comme un savoir faire, mais comme un juste équilibre entre le savoir faire et le savoir être ».

« Les étudiants ont soif de construire, d’avancer avec les professionnels du terrain, et d’être perçu comme des alliés et non comme des jeunes professionnels encore à former. »

Espérer la même lumière

Au fil de la formation, des différents stages, les étudiants ont cheminé entre surprises, rencontres et découvertes. Une construction professionnelle individuelle s’est élaborée et maintenant ils se sont constitués un « trousseau de clés » leur permettant d’accéder à différents codes d’entrée de la profession. Mais des doutes et des craintes persistent. Il faut trouver son propre style professionnel.

Entre craintes et doutes

Les étudiants réalisent différentes distinctions dans leurs appréhensions. Je vais donc classer les écrits en plusieurs parties.

- des craintes et des doutes liés au changement de statut et à l’entrée dans la vie professionnelle : « Maintenant, j’entre dans la cours des grands, je vais quitter mon statut d’étudiant. A la fois cela me fais peur et d’un autre côté, je suis fière du parcours réalisé.»

- des craintes et des doutes liés à la fonction infirmière et aux nombreuses responsabilités du métier : « Je me demande si je vais être à la hauteur de mes responsabilité » ; « Je pense qu’être infirmière, n’est pas une chose facile, car il y a beaucoup de responsabilité qui m’attendent. Gérer un service d’une trentaine de patient comme seule infirmière, je t’avoue que c’est cela qui me fait le plus peur »

- des craintes et des doutes sur l’image du professionnel qu’ils seront demain. L’étudiante a destiné sa lettre au Père Noël : « Père Noël, je te demande qu’une chose, taches de m’avoir toujours à l’œil et de me faire un signe dès que tu estimeras que je m’égare de mes valeurs et de l’image du professionnel que j’ai toujours voulu devenir »

- des craintes et des doutes sur la recherche d’un emploi : « Ou postuler... intégrer une équipe avec les mêmes valeurs que moi, voilà l’idéal... Mais vais-je trouver sur le terrain une équipe avec laquelle je vais pouvoir poursuivre ma réflexion, mon questionnement. Bref, une équipe qui sort la tête de l’eau et qui accepte de questionner sa pratique »

La richesse d’une équipe de travail

Voilà un élément clé du travail infirmier mis en évidence par les étudiants. Le travail en équipe est apprécié car il permet de :

« Passer le relais lorsque j’ai atteint mes limites. Je peux relâcher mes tensions en partageant mon ressenti avec l’équipe. » Ou une autre vision : « Cela me fait peur, car le travail en équipe est omniprésent dans un service. Et c’est important dans ce métier de se sentir intégré. »

Néanmoins, majoritairement pour l’ensemble des étudiants : « Travailler en équipe est une réelle richesse entre le soignant et le patient... Une cohésion permet une meilleure prise en charge du patient car nous sommes tous complémentaires. »

Et demain ?

Les stages et l’inscription dans la réalité professionnelle permettent aux étudiants de se projeter dans leur avenir professionnel. Ils ont soif de construire, d’avancer avec les professionnels du terrain, et d’être perçu comme des alliés et non comme des jeunes professionnels encore à former. Ils espèrent énormément du collectif soignant pour continuer à questionner leur pratique, pour l’améliorer et la faire évoluer : « J’espère que demain professionnel, je trouverai une équipe qui accepte le questionnement de ses pratiques afin d’avancer au regard de nos actions menées et affiner le projet individuel du patient. »

« 36 étudiants ont cacheté leurs lettres, deux ont écrit au Père Noël, et un directement aux patients. »

Redessiner d'autres frontières

« Écrire, c’est une façon de parler sans être interrompu », nous dit Jules Renard2. L’importance d’inscrire, en formation initiale, les étudiants en soins infirmiers dans la pratique de l’écriture professionnelle n’est plus à démontrer. Donner à voir de son activité soignante, en formation, est indispensable pour prendre de la distance par rapport à son action mais également pour tisser des liens entre les éléments vécus et les apports théoriques reçus. C’est ainsi, qu’un matin de décembre, 42 étudiants de troisième année ont du écrire une « Lettre à un ami ».

Chacun a ainsi pris sa plume, une ou plusieurs feuilles, une enveloppe et s’est laissé guider par son inspiration du moment. Seule consigne : rendre un écrit sur le professionnel que je souhaite devenir. Quelques heures plus tard, je recevais par la poste interne 42 enveloppes... Eugène Ionesco (1962) disait : « il faut écrire pour soi, c’est ainsi que l’on peut arriver aux autres ». A la lecture de toutes ces missives, j’ai mesuré l’impact d’une telle phrase. En effet, en tant que formateur, je pense que nous ne pouvons pas rester insensibles aux phrases, aux idées et aux mots choisis par ces soignants en devenir.

Comme le dit Ricardou : « L’écriture est une machine à penser »3. Prendre le temps d’écrire à un ami demande un retour sur son vécu. Mais plus encore, c’est prendre le temps de poser sur une feuille de papier, ses idées, ses représentations, son vécu afin d’être lu par quelqu’un. C’est un engagement et une responsabilité personnelle. Ici, pas question de raconter un événement observé à distance, les étudiants se sont livrés avec une grande authenticité. Ils ont ainsi porté un regard sur leurs pratiques. Ils ont pris le temps de se regarder « en action » et de poser un regard critique et constructif sur les événements relatés.

Devant la sincérité et la qualité de leurs messages, il m’a semblé difficile de garder pour moi seule, le contenu de leurs réflexions. C’est ainsi que j’ai décidé de vous les faire partager. D’un point de vue quantitatif, 36 étudiants ont cacheté leurs lettres, deux ont écrit au Père Noël, et un directement aux patients.
Marguerite Duras l'a écrit : « écrire, c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit »4. Certains étudiants ont utilisé ce moyen d’expression pour partager avec un ami un vécu difficile, ou une réflexion jusqu’alors enfouie, une partie tenue secrète. Certains diront un peu plus tard se sentir enfin libéré d’avoir pu « déposer » sur une feuille « ce poids » avant d’entrer dans le monde professionnel. Mais, avant tout, l’élément le plus important pour les étudiants était de savoir qu’ils allaient être lus, sans jugement et que cela n’impacterait plus sur leur formation.

L’après-midi qui a suivi cette expérience rédactionnelle libératrice, les étudiants ont eu besoin d'y revenir. Tous ont apprécié ce moment, le point fort étant de laisser une trace, un point de repère pour l’avenir. Ils ont exprimé le besoin de disposer d'un écrit personnel de leur aspiration avant d’entrer dans la profession, une sorte de cadeau pour demain. Tricoter avec les mots, tisser un lien entre leurs idées, traduire une pensée intime, donner de soi, voilà les points de repères qui ont guidé leurs écrits. Ils voient cette lettre comme un garde fou de leur pratique de demain. Comme le dit Walter Hesbeen, chacun a donné un autre « éclairage sur la pratique pour en proposer une autre visibilité. »

Aujourd’hui étudiant, demain professionnel avec des rêves et des envies plein la tête, auront-ils la patience et l’énergie pour faire avancer l’exercice et l'art infirmier ? C’est ensemble que nous pourrons construire l’environnement soignant de demain. Sachons donc les accueillir et les accompagner dans leur démarche professionnelle. Soyons plus légers et finissons en chanson : « je vous parle d’un monde qu’il nous faudra construire. Un monde que tant d’hommes avant nous ont rêvé de bâtir. »5… Un grand merci à tous les étudiants pour leur authenticité et leur richesse et bonne route à tous.

Notes

1. Hesbeen W., Dire et écrire la pratique soignante au quotidien, Ed. Seli Arslan, 2009.
2. Renard J., Journal intime (1887-1910), Ed. Actes Sud, collection Babel, 2004.
3. Ricardou J., Le saisissement de l'écriture, 1992.
4. Duras M., Écrire, p.28, Folio no 2754.
5. Yannick Noah, Album « frontières », 2010.

 

Webographie

  • Clot T. et Faïta D. (2000), Genres et styles en analyse du travail. Concepts et méthodes ; www.cnam.fr

Isabelle BAYLE
Cadre infirmier formateur
Rédactrice Infirmiers.com
isabelle.bayle@infirmiers.com


Source : infirmiers.com