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Edito - Malaise chez les infirmiers

Publié le 19/02/2016
proportion de salariés concernés

proportion de salariés concernés

Les tensions sur le lieu de travail

Les tensions sur le lieu de travail

infirmière colère

infirmière colère

Dans un document de synthèse, présenté à l'occasion de la Grande conférence de santé qui s'est déroulée le 11 février 2016, la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) dresse un portrait précis des professionnels de santé. Elle revient notamment sur la démographie de la profession infirmière, sa formation ou encore ses conditions de travail particulièrement délétères qui attestent d'un certain malaise. Explications.

Étudiants et infirmiers sont logés à la même enseigne : la pénibilité et les tensions n'épargnent personne.

Les infirmiers représentent, on le sait, la première profession de santé en termes d'effectifs, comme le rappelle la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) dans un document de synthèse présenté lors de la Grande conférence de santé le 11 février 2016. En effet, au 1er janvier 2015, plus de 638 200 infirmiers sont recensés dans le répertoire Adeli alors que les médecins étaient au nombre de 222 150 selon les chiffres du répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS).

Un taux d'abandon en cours d'études élevé  

La profession infirmière reste attractive, mais nombre d'étudiants en soins infirmiers abandonnent en cours d'études. On relève en effet un écart de 16 % entre les quotas et le nombre de diplômés trois ans après durant la période 2012-2014. Le fait que toutes les places ne soient pas pourvues chaque année et les redoublements expliquent en partie cette déperdition. Cependant, d'autres facteurs sont à prendre en considération. La formation est réputée difficile et les témoignages d'étudiants maltraités, notamment sur leurs lieux de stage, ne manquent pas . Sur les réseaux sociaux, les stagiaires osent prendre la parole pour dénoncer le manque de considération des professionnels à leur égard, notamment lorsque durant leur stage, ils ne sont pas appelés par leur prénom mais par un qualificatif : « stagiaire », « l'élève » ou encore « l'autre » . Rappelons que dans son enquête « Réformons la gouvernance des instituts de formation paramédicaux », dont les résultats ont été dévoilés en février 2015 , la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) a révélé que 44,61 % des étudiants estiment que la formation est vécue comme violente dans la relation avec les équipes encadrantes durant les stages. Dans de telles circonstances, il faut prendre de la distance et quand on est diplômé, ne jamais oublier qu'on a été stagiaire un jour… On a un devoir de transmettre tout en respectant l'autre et dans la bonne la bonne ambiance, selon Domenico. Aurélie, quant à elle, se contente de rappeler son prénom : il ne faut pas prendre cela méchamment lorsque l'on nous appelle comme ça lorsque l'on est justement stagiaire. Rappeler mon prénom n'a jamais été mal perçu, bien au contraire, surtout quand tes maîtres de stage deviennent tes collègues par la suite.

En service, des tensions accrues avec le public

Les infirmiers diplômés d'État exerçant à l'hôpital sont également soumis à des conditions de travail difficiles. En effet, la DREES révèle dans son rapport que les tensions des personnels hospitaliers avec le public se sont accrues, passant de 38 % en 2003 à 50 % en 2013. Chez les infirmiers et sages-femmes -bien que différentes, ces deux professions font l'objet d'un seul et même traitement-, les tensions concernent 66 % des personnes interrogées et près de 80 % déclarent avoir été victimes d'une agression verbale de la part du public. Par ailleurs, plus de 75 % des infirmiers et sages-femmes estiment devoir toujours ou souvent exercer dans l'urgence. Soulignons également que le travail hospitalier reste encore très morcelé, 80 % des professionnels devant fréquemment interrompre une tâche pour une autre non prévue. À cela s'ajoute un mal-être au travail persistant puisque 72 % des infirmiers et sages-femmes estiment être exploités. 18 % déclarent également toujours travailler sous pression. Les IDE sont aussi confrontés à une quantité de travail excessive et à un sentiment de manque de reconnaissance quel que soit le statut de l'établissement d'exercice (public ou privé). Notons que 21,8 % des effectifs infirmiers hospitaliers ont plus de 55 ans (réforme de la retraite et passage en catégorie A obligent…). Cependant, les contraintes physiques, comme devoir effectuer des déplacements à pied longs et fréquents ou des mouvements douloureux, tendent à se réduire. La DREES note également une amélioration dans les relations interprofessionnelles. Ainsi, 93 % des salariés des hôpitaux déclarent être aidés par leurs collègues en cas de travail compliqué. Tout n'est donc pas si noir...

D'ici à 2030, les effectifs infirmiers devraient croître à un rythme moyen de 1,2 % par an selon les dernières projections réalisées par la DREES en 2011. Cependant, les difficultés d'emplois récentes et les conditions de travail délétères obligent à se questionner sur le devenir de la profession. Gageons que la profession infirmière saura s'unir pour faire valoir ses revendications car la pénibilité n'épargne aucune spécialité, ni même les étudiants. Ainsi, les 638 000 IDE et 91 000 ESI qui peuplent le territoire ne seront pas de trop pour se faire entendre...

Aurélie TRENTESSE  Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com  @ATrentesse


Source : infirmiers.com