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COURS IFSI

Cours ifsi - Intoxication éthylique aiguë (IEA) aux urgences

Publié le 29/02/2012
coma ethylique intoxication ethylique aigue aux urgences

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L’intensité des troubles dépend de la quantité d’alcool consommée, de la rapidité d’ingestion, de la prise associée d’un repas, de l’âge et de la susceptibilité du sujet.

Signes de gravité immédiats

  • Rechercher une détresse vitale.
  • Respecter le patient.
  • Être rassurant, non agressif.
  • Il existe 3 formes cliniques d’IEA :
    • isolée non compliquée (75 %) ;
    • excitomotrice (18 %) ;
    • coma (7 %).

Tableau 1. Formes cliniques d’IEA

Formes cliniquesTri

Coma
Obnubilation nécessitant forte stimulation
Propos incohérents, attitude oppositionnelle
Vomissements fréquents = risque d’inhalation bronchique +++
Coma calme, hypotonique, sans signe neurologique en foyer
avec mydriase bilatérale, diminution des ROT
Hypothermie, hypotension
Hypoglycémie ++, polyurie
Parfois, dépression respiratoire

Niveau 1

Forme excitomotrice
Logorrhée, paroles hachées, bredouillages
Incoordination motrice
Injection conjonctivale, odeur de l’haleine
Agitation extrême
Troubles du comportement : hétéro-agressivité avec délits graves
Coma et amnésie
Ivresse hallucinatoire (auditives et visuelles), violence possible

Niveau 2

IEA non compliquée
Logorrhée, parole hachée, haleine alcoolisée
Désinhibition : sensation d’euphorie, diminution du contrôle de soi
Puis phase d’ébriété : propos incohérents, diminution de l’esprit critique,
démarche ébrieuse, maladresse, incoordination, dysarthrie

Niveau 3

Éléments cliniques et paracliniques utiles

Éléments cliniques

L’examen clinique doit être complet, particulièrement l’examen neurologique. Même dans un contexte évocateur d’IEA, toujours éliminer en priorité une pathologie intercurrente :

  • hypoglycémie (alcoolique dénutri) ;
  • hématomes intracrâniens et hémorragies méningées posttraumatiques ;
  • intoxications d’autres nature associées ou non à la prise d’alcool : psychotropes (BZD, BBT), cannabis, cocaïne, hallucinogènes, solvants, CO ;
  • méningites ou encéphalites ;
  • agression ;
  • malaise, chute, sensation vertigineuse ;
  • encéphalites alcooliques (Korsakoff, Wernicke) ;
  • delirium tremens ;
  • épilepsie ;
  • sevrage.

Tableau 2. Correspondance à l’alcoolémie

Tableau cliniqueCorrespondance à alcoolémie (variable selon les individus)
Excitation psychomotrice = alcoolémie 0,5 à 1 g/l
Ébriété = alcoolémie à 2 g/l
Troubles de la vigilance = alcoolémie à 3 g/l
Coma et risque vital = doses létales de 3 à 8 g/l

Éléments paracliniques

  • Glycémie capillaire.
  • Taux d’éthanol dans l’air expiré (éthylomètre) ou alcoolémie sont surtout utiles en cas de discordance entre l’anamnèse et la clinique.
  • Ionogramme sanguin et/ou bilan orienté en fonction de la pathologie intercurrente suspectée.

Ne pas confondre

  • Alcootest : effectué par les forces de l’ordre, c’est un dépistage de l’imprégnation alcoolique dans l’air expiré et non du dosage de l’alcool. Il est obligatoire en cas d’infraction ou d’accident suivi de mort.
  • Alcoolémie : elle est pratiquée si l’alcootest est positif ou en cas de refus de dépistage (réquisition du médecin).

Diagnostics à ne pas manquer

Devant un résultat discordant : alcoolémie peu élevée et symptomatologie importante, rechercher une pathologie associée +++.

Conduite à tenir aux urgences

  • Faire préciser les circonstances.
  • Inventaire des valeurs ++.
  • Demandes de désintoxication : non urgentes.

Quels patients hospitaliser ?

  • L’hospitalisation est nécessaire dans les cas suivants :
    • troubles de conscience ;
    • présence d’un traumatisme ;
    • complications avec des pathologies associées (QS) ;
    • ce sont des enfants (risque de coma et d’hypoglycémie) ;
    • ivresse pathologique ;
    • misère sociale et trouble psychiatrique sous-jacent.

Tableau 3. Où faut-il les hospitaliser ?

UHCDREA

IEA grave
Coma sans signe de localisation neurologique
Formes excitomotrices
Formes délirantes

IEA grave avec coma profond ou signe de détresse vitale (altération de la perméabilité des voies
aériennes)

IEA compliquée
Pneumopathie d’inhalation
Hypothermie
Patient mineur :

  • accord obligatoire des parents ;
  • impérativement en chambre seule
IEA compliquée avec signes de gravité Alcoolémie > 5 g/l

Tableau 4. Principes thérapeutiques

Ivresse banaleIvresse et trouble vigilanceIvresse pathologique

Surveillance simple en UHTCD, conscience, pouls, TA, température, glycémie… jusqu’à la régression des signes en 4 à 6 h Évite de ne pas négliger une pathologie associée et les conséquences médicolégales de l’ivresse sur la voie publique

Risque de pneumopathie d’inhalation
Hypotension artérielle et dépression respiratoire = pronostic vital +++
Traitement symptomatique :
– libération des voies aériennes supérieures ;
– O2 au masque ou ventilation assistée si besoin ;
– correction des troubles électrolytiques + apport glucidique et en vitamines B1 et B6 ++++ (Gaye Wernicke)
Prévenir le réanimateur
Hospitalisation en milieu spécialisé
Risque de passage à l’acte auto- ou hétéro-agressif
Si besoin, utiliser la contrainte :
– hospitalisation sur demande d’un tiers ou hospitalisation d’office ;
– chambre d’isolement préférable à la contention physique
Sédation par benzodiazépines (clorazepate 50 mg à 100 mg PO ou IM), carbamates (méprobamate 400 IM), NL (loxapine 4 A IM avec risque d’hypotension artérielle)
Prévenir les complications du sevrage ++ Consultation psychiatrique lors du retour des fonctions relationnelles, si nécessaire
  • La sortie du patient se fait sur prescription médicale, dans l’idéal avec l’entourage, après examen clinique et entretien psychiatrique, après avoir contre-indiqué la conduite automobile.
  • Pour toute demande de sortie prématurée ou pour tout patient amené par la police, la sortie ne sera prononcée que si le maintien de la permanence des fonctions relationnelles est assuré, condition nécessaire pour le confier à un tiers non médical. Si le patient apparaît dangereux pour lui-même ou pour son entourage, l’obtention d’un consentement n’est pas valide et sera assimilé à une fugue, si le maintien à l’hôpital ne peut pas être obtenu.

Éric REVUEMédecin urgentisteRédacteur infirmiers.comericrevue@yahoo.fr


Source : infirmiers.com