En janvier 2015, Marion Boetsch, alors étudiante en soins infirmiers à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers du Centre Hospitalier Universitaire de Poitiers (promotion 2012-2015) a soutenu avec succès son travail de fin d'études sur la thématique suivante : « Penser la mort… Pour mieux panser la vie ». Elle souhaite aujourd’hui le partager avec la communauté d’Infirmiers.com et nous l'en remercions.
Marion débute ainsi son travail de recherche : « Lors de l’oral du concours d’entrée à l’IFSI de Poitiers, la question suivante m’a été posée : « Avez-vous peur de quelque chose ? », spontanément, j’avais répondu « Oui, de trop m’attacher aux patients, de ne pas supporter de voir le malheur des autres ». Un peu plus de trois années plus tard, les différents stages effectués dans le cadre de mon cursus m’ont permis d’explorer mes propres limites, d’affronter mes peurs, d’acquérir de la maturité et, par conséquent, d’apprendre à mieux me connaître.
À travers cette formation, j’ai découvert le milieu hospitalier. Si chaque service fut une véritable découverte, le plus marquant d’entre eux a été pour moi l’oncologie pédiatrique. C’est dans ce service où la confrontation de mes propres représentations de la mort à la réalité a été la plus frappante, et où j’ai le plus progressé sur ce concept. Avant cela, j’avais pu faire face en stage, comme la plupart de mes camarades, aux décès de personnes âgées, décès qui sont considérés pour la plupart d’entre nous comme normaux et attendus car étant la dernière étape du cycle de la vie.
Le décès des enfants, bouleversement du cycle normal de la vie, apparaît quant à lui, comme immérité.
Ce travail fut l’opportunité pour moi de revenir sur des situations vécues lors de ce stage en oncologie pédiatrique, afin de pousser ma réflexion théorique et confronter mes représentations de la mort de l’enfant. Pour moi, mener une réflexion sur soi-même afin de davantage se connaître peut permettre de mieux soigner les autres, d’où le titre choisi pour ce mémoire de fin d’études.
L’acceptation de la mort fut un sujet abordé régulièrement lors de mon stage en oncologie pédiatrique et cela m’a beaucoup interpellée. « Comment puis-je accepter cette mort ? Que signifie cette acceptation ? Comment les soignants font-ils pour le supporter ? Quelles sont mes ressources intrinsèques ? Y a-t-il des gens faits naturellement pour ces services et d’autres pas ? ». La relation à l’autre étant pour moi l’aspect le plus passionnant du métier d’infirmier, j’ai souhaité réfléchir à cette corrélation entre l’acceptation de la mort et la relation avec l’enfant en service pédiatrique. Les enfants étant une population que j’affectionne particulièrement, je souhaitais clore ma formation sur un mémoire traitant des services pédiatriques.
En me basant sur deux situations vécues en stage, j’ai réalisé des recherches théoriques à partir desquelles j’ai déduit une hypothèse selon laquelle, l’acceptation de la mort infantile par les soignants exerçant en service pédiatrique favorise les relations avec les enfants. Afin de vérifier ou d’infirmer mon hypothèse j’ai réalisé des entretiens auprès de professionnels travaillant dans des services de pédiatrie.
Ce travail restera pour moi le souvenir d’une expérience aussi enrichissante qu’angoissante et en écrivant ces lignes j’ai eu le sentiment d’écrire la fin de ma formation. Ainsi je souhaite revenir sur la phrase que m’a dite l’une des infirmières lors d’un entretien « c’est à toi de te protéger et je pense que ça ne peut que te faire grandir d’être au contact de la mort ». En effet, être au contact de la mort m’a fait grandir, tout comme réfléchir sur le sujet lors de ce travail, mais ces trois années de formation, et toutes les situations rencontrées en stage ou dans le futur lors de mon exercice professionnel, font grandir à condition de savoir se poser et de réfléchir dessus. ».
Lire le TFE - Penser la mort… Pour mieux panser la vie
Aurélie TRENTESSE Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com @ATrentesse
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