Une épreuve à préparer...
Appréhender son premier poste, rien de plus naturel et de plus rassurant...
Naturel pour le jeune professionnel qui connait mieux que quiconque ses lacunes et ses limites, mais aussi toute la responsabilité qui va être la sienne au quotidien.
Rassurant pour l'employeur, car celui qui doute est toujours plus précautionneux que celui qui pèche par excès de confiance. Mais dans ce parcours initiatique qu'est la recherche d'emploi, quelques règles sont à respecter pour se préserver et mettre de son côté toutes les chances d'un démarrage dans la carrière qui évitera d'être chaotique et traumatisant.
Une histoire si souvent vécue...
J'ai un peu plus de 20 ans et après 3 ans d'études dans un institut alternant des cours souvent trop magistraux et des stages quelques fois peu constructifs, me voilà Infirmière dans un service de chirurgie urologique.
Enfin je vais avoir ma totale autonomie avec mon premier salaire, mais à quel prix!
Mon employeur m'a promis 3 jours de doublure dans le service de chirurgie, mais dès le 2ème jour il manquait une IDE, il m'a donc demandé d'assurer mon secteur.
Je suis seule pour 15 patients, avec les retours de blocs qui s'enchainent, j'ai deux AS dont une intérimaire, j'ai l'impression que tout va trop vite, que je bâcle le travail, que j'oublie des choses. Les médecins ne me font aucun cadeau, ils m'en demandent autant que si j'étais là depuis 10 ans, et la surveillante dans tout ca...ben je ne sais pas, je ne l'ai vu que le premier jour.
Je flippe, je dors mal, j'angoisse la veille de la reprise, je me fais engueuler par les IDE de nuit parce que je suis en retard dans mon travail. Chaque jour je me rends compte qu'il y a des choses que je ne maîtrise pas. J'aurais mieux fait d'écouter les cours d'urologie au lieu de bavasser avec ma copine. Un cadre supérieur que je ne connais même pas m'a dit, entre deux portes, qu'on me changerait peut être de service le mois prochain, pour aller où, je n'en sais rien, le cauchemar va continuer ailleurs, mais jusqu'à quand?
Le constat
Voilà un grand classique du début de carrière pour bon nombre de jeunes professionnels. Nous serions tentés de dire que nous avons tous commencé comme cela, mais c'est faux. Les temps changent, certes il y a 20 ou 30 ans les périodes de doublures lors de l'embauche n'étaient ni courantes ni obligatoires, les IDE apprenaient beaucoup « sur le tas », mais les données n'étaient pas les mêmes. Force est de constater qu’au terme des 28 mois d'école d'infirmières (programme d'avant 93) le niveau technique et théorique était nettement plus élevé que les nouveaux diplômes d'aujourd'hui. Certes il y avait très peu de cours de santé publique et encore moins de psychiatrie, mais le « démarrage » se faisait plus sereinement.
L'environnement lui même a beaucoup changé. Aujourd'hui les structures sont plus complexes, la charge de travail de l'IDE s'est accrue d'une charge administrative non négligeable, la mise en responsabilité des soignants est entrée dans le jeu d'un système hospitalier où productivité doit être conjugué avec Qualité.
Alors, de toutes ces réalités les nouveaux professionnels sont-ils bien informés ?
Probablement pas suffisamment. L'IFSI (institut de formation en soins infirmiers) reste un lieu d'enseignement par trop protecteur que, peut être, la nouvelle réforme des études aidera à rapprocher des réalités du terrain.
Peut être, s'il était vigilant et curieux, le jeune professionnel aurait-il pu s'en rendre compte au cours de ses stages, mais les stages sont-ils fait pour ca?
Enfin, il faut se demander si, lors de l'embauche, l'employeur rempli correctement son rôle d'informateur ou simplement s'il pose des noms sur des postes, tels des pions sur un échiquier?
Un préalable à l'embauche: savoir s'évaluer
Le jeune diplômé joue gros sur son premier poste !
Connaître ses limites, identifier ses lacunes constituent donc un préalable sécuritaire.
Avoir un diplôme d'État ce n'est jamais qu’avoir une autorisation d'exercer. L'expérience vient ensuite, et il convient de veiller à ce que cette expérience ne soit pas, dès le début, une succession d'échecs, de difficultés, de fuites en avant.
Le jeune professionnel doit avant tout avoir ses certitudes bien ancrées, il doit ensuite faire son propre bilan de compétence et déterminer un premier projet de début de carrière.
Toute la difficulté va être dans les choix de départ. Choisir un poste en fonction de ce qu'on aime faire, ou en fonction des gestes professionnels qu'on souhaite acquérir? Ou bien choisir le poste sur lequel on sera déjà opérationnel, au risque de ne jamais acquérir d'autres compétences ?
Il faut être honnête avec soi même avant de pouvoir exposer à un recruteur ses compétences, ses objectifs, mais il faut être tout aussi précis sur ses propres lacunes, ses difficultés, ses peurs.
Soyons clair : qu'attend votre employeur dès votre premier jour de travail ? Il attend un certain nombre de compétences, dictées par un décret du même nom, et ne fait pas souvent le distinguo entre une IDE de chirurgie ou de médecine, encore moins entre les compétences requises pour une IDE de chirurgie vasculaire et celles nécessaires pour la chirurgie digestive. Cette adéquation c'est, paradoxalement, au candidat infirmier à l'analyser.
Là se heurtent les logiques ! La première logique est celle des soignants et souvent des médecins eux mêmes, elle prône que l'Infirmière soit spécialisée dans son domaine.
Force est de constater que l'IDE choisi souvent un poste par intérêt pour la discipline, travailler en réanimation de chirurgie cardiaque ce n'est pas tout à fait le même métier qu'être IDE en médecine oncologique. Ce choix, l'IDE le fait en fonction de ses goûts, de ses compétences, de l'idée même qu'elle se fait du métier infirmier, mais aussi de ses convictions, de ses valeurs.
La logique de l'employeur est celle de l'application stricte et froide de la réglementation.
Le diplôme d'état d'infirmier étant un diplôme de soins généraux, n'importe quelle IDE peut aller sur n'importe quel poste.
Les deux logiques vont s'affronter dans un jeu de dupes. Autant en connaître tout de suite les règles, et cette notion là ne s'apprend pas en IFSI. Rien ni personne ne prépare les jeunes diplômés à leurs premiers entretiens d'embauche. C'est en parti ce que nous tenterons de faire par cet article.
Avant toute démarche, savoir s'orienter
S'orienter c'est choisir vers quel type d'emploi le jeune professionnel souhaite se diriger.
Trois principales voies se présentent à lui : La fonction publique hospitalière (FPH), le privé ou le privé Participant au Service Public Hospitalier (PSPH), l'intérim.
Même si la problématique de l'affectation du jeune professionnel reste quasi identique dans toutes les formes d'exercices, public ou privé, il n'est pas question dans cet article des modalités de recrutement de la FPH.
Concernant l'intérim, le jeune professionnel doit se poser les bonnes questions.
Être intérimaire c'est accepter, à chaque mission de se heurter à la difficulté de ne pas connaître le service, les protocoles, l'équipe. C'est se priver de la satisfaction de voir évoluer son patient, de suivre son dossier.
C'est surtout, en regard de ses propres lacunes, considérer ses futures missions comme des terrains de formations, c'est courir le risque et le faire courir aux établissements de ne pas être techniquement prêt à certaines tâches alors que l'intérimaire, par nature, devrait être un professionnel aguerri totalement polyvalent et polycompétent.
Bien des jeunes diplômés considèrent que s'inscrire en intérim c'est continuer à apprendre son métier. C'est un choix certes qui accorde le confort de gérer totalement son temps de travail et son salaire, mais une réflexion sérieuse s'impose, car plus il est en difficulté plus le professionnel met en jeu sa responsabilité civile ou pénale.
Le privé pour sa part ne fait pas de l'IDE un fonctionnaire et ne peut garantir l'emploi de même. Le salaire de base en début de carrière est inférieur au public, il présente néanmoins l'avantage d'accepter la négociation à l'embauche en termes d'affectation ou de formation. Mais à ce jeu il faut être préparé !
Le choix du privé : préparez l'entretien !
Profitez-en, vous avez le choix ! Le marché est en votre faveur, il y a aujourd'hui d'avantage de poste à pourvoir dans le privé que de diplômés.
Mais avant d'aller au marché on prépare sa liste ; vous trouverez à la fin de cet article une check-list des différents points à évoquer lors d'un entretien d'embauche.
A vous de prioriser ensuite les critères : le salaire, l'encadrement prévu lors de la prise de poste, quelles formations continues et quelle évolution de poste vous sont proposées…
Voilà pour l'aspect technique du poste. Mais vous devez aussi vous questionner sur votre employeur, surtout s'il s'agit d'un établissement privé à but lucratif, non lucratif ou PSPH.
Documentez-vous sur la santé financière et sociale de l'établissement.
Pour cela plusieurs sources :
- la source directe ; vous connaissez quelqu'un qui travaille dans l'établissement, interrogez le! Vous pouvez également vous rapprocher du bureau des délégués du personnel de l'établissement.
- la source indirecte : La majorité des établissements privés appartiennent à des groupes disposant d'un site internet, allez les visiter! N'hésitez pas à consulter les documents rendus public par les tutelles qui ont inspecté l'établissement, par exemple les rapports de certification de la Haute Autorité de Santé [1]. Un petit coup de fil aux sociétés d'intérim vous donnera un élément de comparaison intéressant : plus un établissement est agréable, stable et financièrement sain moins il a recours à l'intérim. Cet élément est à nuancer si cet établissement est dans une région pauvre en population infirmière
Méfiez-vous du miroir aux alouettes ! Les écarts entre promesses à l'embauche et réalités du terrain sont courants, d'où l'intérêt de demander à votre futur employeur une lettre de promesse d'embauche très détaillée, par exemple stipulant le nombre de jours et les conditions de votre formation de départ.
Ce que prévoit la loi
L'employeur est responsable de la mise à niveau de formation de ses salariés, la formation continue et le droit individuel à la formation (DIF) sont des droits du travailleur dont il faut absolument connaître les condition d'éligibilité et la pratique dans votre établissement, là dessus aussi vous devez vous renseigner.
La convention collective signée par un établissement dispose des conditions de travail des salariés, il est primordial de savoir quelle convention est appliquée dans l'établissement et éventuellement de se la procurer. Elle renferme, entre autre, la grille des indices de salaires et les conditions de travail.
Dans tous les cas faites vous préciser lors de l'embauche le temps de période d'essai et surtout si elle est renouvelable ou pas.
Cette période d'essai vous protège autant qu'elle protège l'employeur. Une période d'essai de deux mois dont vous demandez le renouvellement une fois, cela vous donne quatre mois pour bien observer ce qui se passe dans l'établissement mais aussi pour tester votre capacité à l’intégrer.
Tous vos actes, rappelons le sont régis par le décret de compétence Infirmière du 29 juillet 2004 (décret 2004-802), procurer vous le et sachez vous en imprégner.
Il n'est pas nécessaire de contracter une assurance en responsabilité civile, vous êtes couvert par celle de l'établissement. A ne pas confondre avec l'aide judiciaire que peuvent-vous proposer certaines compagnies d'assurance.
Enfin, vous n'êtes pas tout seul...
Les associations professionnelles d'une part, les syndicats de l'autre, permettent de rencontrer des collègues et partager avec eux vos préoccupations, outre le fait que les associations sont souvent d'excellents moyens de développer ses compétences et de se tenir au fait des évolutions dans un domaine donné.
S'informer est un devoir professionnel, abonnez-vous à une revue ou bien surfez régulièrement sur les sites professionnels, toutes sortes de rubriques vous seront d'une utilité quotidienne et bien souvent des professionnels expérimentes répondent à vos questions sur les forums.
Enfin, l'ordre national des infirmiers est là pour vous aider et vous conseiller, dont les représentants sont présents dans tous les départements. Apprenez à vous référer à cette toute nouvelle instance, seule représentation des 500.000 IDE reconnue par l'état.
Notes
Ressources
Les grands groupes de l'hospitalisation privée
Lite non exhaustive...
Les conventions collectives
- Convention collective unifiée de 2002
- Convention FEHAP 1951
- Toutes les conventions collectives : www.centre-convention-collective.com/
Références légales
- Décret de compétences infirmière : décret 2004-802 du 29 juillet 2004
- Code de santé publique
- Droit individuel à la formation (DIF)
Pratique
- Le site EMPLOI Soignant pour retrouver toutes les offres d'emploi
- Fiche technique à imprimer et utiliser à raison d'une fiche par entretien d'embauche
- La check-list d'embauche
Date du Rendez vous |
Heure |
Nome de l'établissement | |
Adresse | |
Nom de mon interlocuteur lors de l'embauche | |
Fonction dans l'établissement | |
Questions sur l'établissement | |
Établissement privé à but lucratif | Oui - Non |
Établissement privé à but non lucratif | Oui - Non |
Établissement participant au service public hospitalier (PSPH) | Oui - Non |
Établissement appartenant à un groupe | Oui - Non |
Lequel ? | |
Établissement soumis à quelle convention collective ? | |
Questions sur le poste | |
Pour chaque poste proposé, demander | |
- Quelle(s) discipline(s) médicale | |
- Combien de lits dans le service | |
- Combien d'IDE en journée dans le service | |
- Combien d'AS en journée dans le service | |
- Combien d'IDE en nuit dans le service | |
- Combien d'AS en nuit dans le service | |
- Y-a-t-il un cadre infirmier en charge du service | Oui - Non |
- Est-il en charge de plusieurs services | Oui - Non |
- Les horaires proposés | |
. horaires de matin | |
. horaires d'après midi | |
. horaires de soir | |
. horaires de nuit | |
. autres | |
- Les plannings proposés | |
. Combien de week-end de garde par mois | |
. Est-il informatisé | Oui - Non |
. Est-il accessible dans le service | Oui - Non |
Questions sur les conditions financières | |
Proposition de l'établissement | |
- Salaire | Brut : - Net : |
- Prime de week-end | Brut : - Net : |
- Prime de nuit | Brut : - Net : |
- Prime de précarité | Brut : - Net : |
- Prime d'ancienneté | Brut : - Net : |
- Autre prime | Brut : - Net : |
Questions sur le contrat | |
Contrat à Durée Indéterminée CDI | Oui - Non |
Contrat à Durée Déterminée CDD | Oui - Non |
- Pour quelle durée | |
- Est-il renouvelable | |
Durée de la période d'essai | |
- Est-elle renouvelable | |
- Combien de fois | |
Doublure / formation à l'embauche | |
- Combien de temps | |
Entretien de suivi ou bilan pendant la période d'essai | |
- Quand ? | |
Autres questions pratiques | |
L'établissement propose-t-il une mutualité maladie | Oui - Non |
- Laquelle ? | |
Modalités de restauration dans l'établissement | |
Possibilité de visiter le service | Oui - Non |
Possibilité de rencontrer la surveillante | Oui - Non |
Documents à réclamer à l'établissement | |
La fiche de poste du poste proposé | |
Le règlement intérieur | |
Le livret d'accueil des nouveaux employés | |
Une proposition d'embauche chiffrée indiquant le salaire et le coefficient | |
Un planning type du service concerné | |
Vos impressions lors de cet entretien |
Jean-Michel Pélaprat Directeur des services de soins infirmiersRédacteur Infirmiers.com pelaprat.jean-michel@wanadoo.fr
RECRUTEMENT
Quand les "slasheurs" investissent l’hôpital
EMPLOI
Spécial "Recrutement et attractivité"
PARITÉ HOMMES-FEMMES
La loi renforçant l'accès des femmes aux responsabilités hospitalières est adoptée
RENDEZ-VOUS LE 9 MARS
Job dating 100% en ligne au CHU de Toulouse