Elles ont traversé l’épreuve du cancer du sein… Elles en sont sorties et décident de se réapproprier leur corps en le confiant aux mains d’autres femmes… munies d’aiguilles : un tatouage artistique pour recouvrir leur cicatrice ou leur sein reconstruit. Cela se passe à la Maison Rose, à Bordeaux, à l'occasion d'Octobre Rose, rendez-vous annuel de l’engagement et de la solidarité dans la lutte contre ce fléau qu’est le cancer du sein.
Dans le cadre d'Octobre Rose, dédié au dépistage du cancer du sein partout en France, voici une initiative à la fois inédite et porteuse de sens et d'inspiration. Libérées de la maladie, une dizaine de Girondines sont accueillies à la Maison Rose
du 3 au 7 octobre lors de la semaine Rose tatoo. Elles vont pouvoir ainsi concrétiser un projet personnel dont la finalité est de transformer leur douleur physique et morale en création unique, personnelle et irréversible. Un tatouage en signe de victoire sur la maladie. Sandrine en témoigne : après mon cancer du sein, pour reconstruire, je veux que cela se fasse à ma façon, c’est ma féminité et pour cela j’ai fait le choix du tatouage. Ce tatouage occupera la moitié de mon corps libéré de la maladie, non pas comme l’ersatz d’un sein perdu mais comme le conquérant d’un nouveau territoire
. Les séances sont organisées chaque jour dans un studio de tatouage monté spécialement pour l’occasion. Cette expérience intime de création permet le face-à-face de duos tatoueuse-tatouée qui ne se seraient jamais rencontrées sans ces circonstances.
J’ai conscience que la dimension de mon art, dans ce champ si particulier, exalte la relation. A laquelle s’ajoute le sentiment d’une immense fierté d’avoir été capable d’accompagner cette démarche si singulière… »
David, tatoueur
Rappelons que la Maison Rose
, première du nom, est née en février dernier à Bordeaux à l'initiative de l'équipe de Rose magazine
Cosy et féminin, dédié aux femmes malades du cancer et à leurs proches, ce lieu de vie accompagne les femmes pendant et après leur traitement et les aide dans leur vie quotidienne . On y retrouve l’ADN de Rose Magazine, rester femme pendant son cancer
.
Affirmation de confiance dans la vie, message d’espoir, fierté d’avoir gagné contre la maladie… ces femmes l’ont dans la peau !
Unies pour la même cause
Pour ces femmes, ce choix de tatouage constitue également un acte exemplaire et solidaire pour inciter d’autres femmes à oser franchir le pas. Se projeter dans une nouvelle image d’elles-mêmes, affirmer leur féminité retrouvée, faire de leur identité remodelée une force et un symbole, c’est vaincre le cancer une deuxième fois en effaçant ses séquelles… A leurs côtés, 8 tatoueuses offrent leur temps et leur talent pour faire naître le motif indélébile, la trace qui signera la fin du combat. Porteuse de cet événement inédit, la photographe-plasticienne Nathalie Kaïd a souhaité l’inscrire dans la continuité de son travail d’artiste et de femme engagée. En effet, les photos prises lors de cette semaine enrichiront les portraits qu'elle destine à son livre « Tatouées, à fleur de Mots ».
Les femmes qui souhaitent s’informer sur le tatouage artistique après opération du sein, poser toutes leurs questions et mûrir leur décision sont elles aussi les bienvenues à l'occasion de cet événement à la Maison Rose de Bordeaux.
Vers une rénovation du processus de dépistage
Cette année encore, à l’occasion d’Octobre Rose, les initiatives se multiplient ici et ailleurs pour rappeler la gravité de cette maladie et sensibiliser les femmes à l’importance du dépistage. Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, salue cette mobilisation. Elle annonce une rénovation profonde du programme de dépistage organisé du cancer du sein. C’est le sens des recommandations qui lui ont été remises par l’Institut national du cancer (INCa), sur la base du rapport du comité d’orientation de la concertation citoyenne et scientifique lancée il y a un an sur le sujet : moderniser le programme de dépistage organisé du cancer du sein en développant un parcours plus personnalisé, fondé sur une meilleure information des femmes, mieux coordonné et impliquant davantage le médecin traitant. La ministre a confié à l’INCa et à la Direction générale de la santé (DGS) le soin d’élaborer un plan d’action cohérent assorti d’un volet d’évaluation et de recherche. Elle en présentera le contenu d’ici la fin de l’année. De son côté, à l’occasion d’Octobre rose, Santé publique France publie une synthèse des dernières données sur l’incidence et le dépistage du cancer du sein en France.
Octobre Rose : parce que chaque année, le dépistage précoce permet de sauver des milliers de vie.
- En France, l’association « Le Cancer du Sein, Parlons-en ! » depuis 23 ans aux côtés des femmes en France, s’acquitte de deux missions aussi essentielles l’une que l’autre : sensibiliser le plus grand nombre et soutenir la recherche.
C’est pourquoi aussi il faut sensibiliser et informer le maximum de femmes et leur entourage car cette maladie est une réalité qui nous concerne tous et que c’est tous ensemble que nous devons lutter
souligne Jean-Christophe Jourde, Président de l’association « Le Cancer du Sein, Parlons-en ! » et Président France, The Estée Lauder Companies. En 1994, le groupe The Estée Lauder Cies s’associe avec le magazine Marie Claire pour créer l’association « Le Cancer du Sein, Parlons-en ! », émanation de l’association « The Breast Cancer Research Foundation » créée deux ans plus tôt par Mrs. Evelyn H. Lauder. - La campagne Octobre Rose se déroule simultanément dans plus de 70 pays à travers le monde et le Ruban Rose est devenu le symbole universel de la lutte contre le cancer du sein.
- Une femme meurt d’un cancer du sein toutes les 53 minutes dans le monde. Dans plus de 8 cas sur 10, ce cancer touche des femmes âgées de 50 ans et plus. 5% seulement des cancers sont d’origine génétique et 85% sont sporadiques et isolés. 50% des cancers du sein n’ont aucune cause identifiée. En plus du risque de récidive du cancer au niveau du sein traité, une femme qui a eu un cancer du sein a un risque 3 à 4 fois plus élevé de développer un nouveau cancer du sein qu'une femme du même âge. Ce risque justifie un suivi régulier et prolongé.
- En France, le cancer du sein reste le cancer le plus fréquent - en 1975 on recensait 19 000 cas, aujourd’hui, plus de 48 000 - et aussi celui qui affiche le plus haut taux de mortalité. La lutte est donc plus que jamais d’actualité ! Le cancer du sein touche essentiellement des femmes mais c’est toute la société qui doit être interpellée par ce fléau car les femmes touchées sont des filles, des mères, des sœurs, des épouses, des citoyennes… Cependant, si le cancer est dépisté à un stade précoce, il peut désormais être guéri dans 9 cas sur 10. « Une révolution est en marche notamment aux thérapies ciblées qui permettent de comprendre de mieux en mieux les mécanismes de fonctionnement de la cellule cancéreuse et ainsi mettre au point des traitements médicamenteux intervenant à un niveau précis du développement de la cellule tumorale » rappelle Anne Vincent, Salomon, médecin pathologiste à l'Institut Curie, Présidente du Comité scientifique des Prix Ruban Rose. En 2016, le montant record de 300 000 € sera reversé par l’Association à 5 équipes de chercheurs et soignants.
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
REFONTE DE LA FORMATION
L'idée d'un tronc commun en master hérisse les infirmiers spécialisés
ÉTUDES
D’infirmier à médecin : pourquoi et comment ils ont franchi le pas
VIE ÉTUDIANTE
FNESI'GAME : l'appli qui aide les étudiants infirmiers à réviser
PRÉVENTION
Des ateliers pour préserver la santé des étudiants en santé